Thèmes WordPress et marketplaces : attention avant de passer à la caisse

C’est quoi, un thème ?

Un thème, aussi appelé charte graphique, c’est ce qui constitue l’identité graphique d’un site Internet. C’est l’ensemble des règles qui assurent une cohérence visuelle des différents éléments composant une page, et ce, sur l’ensemble des pages du site.
Un thème appliqué au CMS WordPress définit plusieurs choses :

Marketplaces dédiées au thèmes WordPress

ThemeForest
Aperçu du site ThemeForest

Suivant l’essor en popularité de WordPress, plusieurs marketplaces (places de marché) ont vu le jour, proposant à l’achat des thèmes WordPress clef-en-main. La plus connue de ces marketplaces est ThemeForest.

Aujourd’hui, ThemeForest propose plus de 6000 thèmes WordPress à des prix dérisoires (entre 30$ et 65$). Il n’est donc pas étonnant que ce genre de plateforme ait gagné en notoriété.
Conséquence directe : Il est de plus en plus courant qu’un prospect me contacte en me proposant de l’aider à choisir un thème, puis de construire son site à partir de ce thème. Dans certains cas, l’achat du thème a même déjà été effectué, et parfois à regrets.

L’orientation grand-public de ThemeForest et son catalogue fourni ont contribués à faire de cette place de marché une sorte de référence, mais on oublie trop souvent que d’autres sites, dont le site officiel de WordPress, proposent toute une panoplie de thèmes gratuits et répondant aux exigences de ce que devrait être un “vrai” thème.

Ce que je reproche à ThemeForest

Un thème WordPress ne devrait s’intéresser qu’à l’aspect graphique de votre site. Le fonctionnel devrait être pris en charge par des modules additionnels : les plugins.
C’est tout l’avantage de la souplesse et de la modularité de WordPress.
Par contre, un thème peut prévoir d’exécuter certains styles ou d’adopter un certain comportement si tel ou tel plugin est installé.
On trouve par exemple des thèmes qui appliquent des styles particuliers aux formulaires créés avec le plugin GravityForms (dont je suis un inconditionnel).
D’autres thèmes sont plutôt orientés e-commerce, et proposent des styles dédiés à divers plugins spécialisés tels WooCommerce ou Easy Digital Downloads.
Cette approche me semble la plus juste et la plus respectueuse pour le gestionnaire du site, qui reste maître des plugins qu’il souhaite utiliser.

Malheureusement, force est de constater que sur ThemeForest, les thèmes ont tendance à ressembler de plus en plus à d’énormes usines à gaz intégrant toutes sortes de fonctionnalités plus ou moins exotiques.
Conséquences :

Prenons un exemple des diaporamas d’images, aussi appelés sliders, slideshows, carousels, …
J’ai déjà vu des thèmes livrés avec 3 ou 4 plugins de sliders différents. Quel intérêt ? Mais surtout : que viennent faire ces plugins dans un thème ? Ne suis-je pas libre de choisir LE plugin que j’ai l’habitude d’utiliser, ou celui qui convient le mieux au projet ?
Pire encore : certains auteurs de thèmes s’évertuent à développer leur propre solution, directement intégrée au thème. Là aussi, quel intérêt : Pourquoi réinventer la roue alors que l’écosystème WordPress regorge déjà d’une pléthore de plugins dédiés, testés, maintenus, et en général gratuits, de surcroît ?

Pour attirer le chaland, certains thèmes n’hésitent d’ailleurs pas à faire étalage de tous les plugins qu’ils comportent. C’en devient écœurant, voire presque obscène, mais il faut croire que l’obscénité fait vendre. Personnellement, dans cette situation, je prends mes jambes à mon cou.

Le constat est clair : on est loin de la définition d’un thème donnée en première partie de cet article. Tout cela est pour moi un tel non-sens, qu’il m’est déjà arrivé de jeter mon dévolu sur la version « template HTML » d’un thème que j’appréciais visuellement, et de l’intégrer à ma sauce dans WordPress sous la forme d’un thème super léger, et aux fonctionnalités correspondant exactement aux besoins du client. Certes, cette prestation lui coûte plus cher qu’une cinquantaine de dollars, mais il a l’assurance d’avoir un site réactif et répondant parfaitement à ses exigences.

Les raisons qui vous poussent à choisir un thème sont souvent mauvaises.

ThemeForest propose un multitude de thèmes, dont certains vraiment léchés graphiquement. Impossible de le nier. Devant cette profusion, cette qualité, et cette facilité apparente, il n’est finalement pas si facile de s’y retrouver et de faire un choix.

À la question “Pourquoi avez-vous choisi cette bouse ce thème ThemeForest super-complexe et lourdingue ?”, on me donne trop souvent une réponse du genre :

“Nous avons choisi ce thème car sa page d’accueil est composée d’un slider puis de 3 colonnes de contenus, et c’est ce que nous souhaitions.”

Mauvaise réponse !! La mise en page ne devrait pas être un critère de choix pour un thème. On parle ici de contenu, et sa mise en page ne devrait pas être dépendante du thème.
Pour être clair : votre contenu composé d’un slider et mis en page sur 3 colonnes devrait rester intact même après avoir changé de thème. Le thème ne fait qu’habiller votre contenu. Plusieurs plugins de qualité existent aujourd’hui pour vous aider à mettre en en page votre contenu : Visual Composer ou Beaver Build, pour ne citer que les plus connus.

Voici à titre d’exemple un seul et même contenu, habillé par 2 thèmes différents. Vous pouvez constater que la mise en page du contenu est identique sur les 2 thèmes.

Choisissez donc votre thème en fonction de ses qualités esthétiques plutôt que fonctionnelles : ses couleurs, ses polices, son ergonomie, sa facilité de navigation, l’aération des contenus, …

Avant de choisir un thème

Voici une liste de critères auxquels vous devriez porter attention avant de choisir votre thème. Cette liste est d’ailleurs valable quelque-soit la plate-forme sur laquelle vous choisissez le thème.

Le thème est-il responsive ?

Le thème doit s’adapter aux différentes résolutions d’écrans, y compris mobiles. C’est un critère obligatoire aujourd’hui.

Le thème dispose-t’il d’une documentation ?

Une bonne documentation utilisateur est un plus non négligeable pour comprendre la manière dont le thème est structuré, comment sont intégrés les différents composants (widgets, shortcodes, menus, …), quelles sont les options de configurations et leur implication sur le rendu visuel.

Une documentation orientée développeurs sera également bienvenue. Elle permettra de prendre connaissance des différents points d’entrée dont le thème dispose pour modifier ou étendre son fonctionnement par le biais de plugins ou d’un thème-enfant (Child Theme).

Quel type de support l’auteur du thème propose t’il ?

En cas de difficultés ou de bug, il doit être possible d’obtenir de l’aide, ou à minima d’informer l’auteur du dysfonctionnement rencontré. Le support peut prendre plusieurs formes : un simple formulaire de contact, un forum public ou privé, ou de simples échanges en commentaires sur la page d’achat du thème.

Consultez également les avis des acheteurs : ils vous donneront une idée de leur degré de satisfaction, et de la réactivité des auteurs pour répondre aux questions.

Les mises à jour sont-elles régulières ?

Extrait d'un changelog
Extrait d’un changelog

Reportez-vous au changelog (journal des modifications) pour apprécier la fréquence des mises à jour.
Un thème qui n’est plus mis à jour depuis des mois devrait vous mettre la puce à l’oreille. C’est d’autant plus important pour les thèmes achetés sur ThemeForest : comme expliqué ci-dessus, la grande majorité d’entre eux intègrent nativement des plugins tiers, qui doivent eux aussi être mis à jour régulièrement. Il y a donc inévitablement un délai entre le moment où un plugin dispose d’une mise à jour, et le moment où les auteurs du thème intègrent cette mise à jour dans la nouvelle version de leur thème.
À ce sujet, je vous invite à lire mon article “De l’importance de maintenir WordPress à jour

Le cas TemplateMonster

Je termine en écrivant quelques mots concernant TemplateMonster, une autre plate-forme d’achat de thèmes sur lesquels j’ai eu l’occasion d’intervenir. Pour faire court : Passez votre chemin.
Leurs thèmes s’appuient sur un framework nommé CherryFramework (encore une usine à gaz) constituant le thème parent, chacun de leurs thèmes commercialisés étant créés en tant que thème-enfant sur ce framework. Résultat : impossible d’étendre ou de surcharger soi-même leurs thèmes par le biais d’un thème-enfant.
Je ne parle pas non plus de la documentation ridiculement succincte, désuète, et accessible uniquement après achat, ni de leur support, consistant en un forum privé sur lequel les réponses sont rares.

Conclusion

J’espère que ces considérations et ces quelques conseils vous aideront à y voir plus clair et vous aideront à faire un choix entre création d’un thème personnalisé, et achat d’un thème tout-fait. Prenez le temps de déterminer quels sont vos critères de choix.